Une forêt domaniale, située au sud ouest de Santec, recouvre 97 hectares d’espèces diverses résistantes au climat maritime du lieu.
Elle fut implantée à partir de l’année 1760 pour lutter contre l’érosion rapide des sols suite à l’ensablement de Santec (voir la rubrique « histoire ») et son entretien est assuré par l’Office National des Forêts depuis 1862.
Les espèces végétales qui la composent sont diverses : vieilles futaies de pins divers ; futaies adultes de pins noirs plantés vers la fin des années 1960 ; jeunes futaies d’essences très diverses suite aux reboisements des années 1970 ; très jeunes futaies composées d’espèces plutôt feuillues datant des années 1990. Ainsi vous pourrez vous promener au milieu de pins insignis, de pins noirs, d’érables, de pins de Monterey, de pins pignon, de cyprès de Lambert, de pins laricio, de frênes, de peupliers, de chênes verts, ilots entre les mini-dunes couvertes de fourrés denses à troènes, ajoncs et prunelliers.
La forêt de Santec a un intérêt botanique considérable en raison de la rencontre et de la limite de 2 cottages floristiques opposés, nordique avec pirole des dunes et méridional avec immortelle des dunes et par la présence de nombreuses
espèces végétales rares : arabettes, argousiers, alyssons. Elle héberge des populations d'orchidées : station d'anacamptis pyramidalis vaste et dense sur les dunes sèches ; dactylorhiza praetermissa dans les dépressions humides,
espèce peu commune et très localisée dans le Massif Armoricain. On y observe également des blackstonia perfoliata, une des 37 espèces de grand intérêt patrimonial de Bretagne. Nous voyons bien que la forêt de Santec
présente un intérêt considérable en biodiversité que vous saurez respecter lors de vos visites.
En effet, zone protégée, cette forêt est traversée par divers sentiers où vous croiserez familles en promenade ou sportifs à l’entraînement. Dans son allée centrale, un parcours de remise en forme est à la disposition de chacun. Partant du Centre « Bon vent », elle vous conduira jusqu’à la rivière qui la borde au sud d’où, en prenant sur votre droite, vous pourrez rejoindre la plage du Dossen.
Point sur notre forêt domaniale - novembre 2021
La forêt domaniale de Santec comme l’ensemble des propriétés forestières et dunaires de l’Etat, est gérée par l’Office National des Forêts, en collaboration étroite avec les acteurs locaux (collectivités, associations…).
Ilôt forestier de 98 ha dans le Haut-Léon, le « bois de Santec » est une forêt multifonctionnelle, alliant accueil du public, préservation de la biodiversité des habitats et des paysages, fixation des sols, équilibre sylvo-cynégétique (chasse) et plus accessoirement production de bois (ressource renouvelable participant au cycle du carbone). Le rôle de l’ONF est de faire la synthèse de tous ces enjeux pour établir une gestion durable à l’échelle du site, dans le strict respect du Code forestier.
La forêt de Santec est jeune (1810), totalement artificielle et issue de plusieurs vagues de reboisement successifs plus ou moins réussis datant de l’époque des « Eaux et Forêts ». Ces derniers visaient à fixer les sables dunaires qui avançaient au gré des tempêtes sur les terres cultivées et les hameaux situés dans les terres.
Dans ce cadre, et comme sur l’ensemble du littoral dunaire français, les sables les plus proches du bord de mer ont été fixés par l’Oyat (qui produit des racines de plusieurs mètres et ne craint pas le sel). En arrière-dune, dès que les conditions écologiques le permettaient, les arbres étaient implantés.
L’arbre a toutefois été confronté dès le début à Santec, à de nombreux facteurs écologiques hostiles. Le sel véhiculé par les embruns, est sans doute aussi présent dans la nappe en profondeur. Le pH des sables coquilliers qui constituent le sol est extrêmement élevé (jusqu’à pH 9 en profondeur, phénomène de chlorose) et a considérablement limité le choix des essences pouvant y être plantées. Enfin, le vent fort pose des problèmes de stabilité sur un matériau sableux.
De nombreuses essences américaines (Cyprès de Lawson, de Lambert, ormes américains, pin de Monterey), méditerranéennes (Pin d’Alep, Pin Parasol, Chêne vert), ou plus continentales (Erable sycomore et plane), ont été essayées et forment finalement avec les « locales » : Frêne et Orme champêtre, le boisement hétéroclite que nous connaissons actuellement.
De nombreuses maladies récemment introduites menacent désormais ce mélange d’essences. Outre la graphiose de l’Orme apparue dans les années 80 et qui ne permet plus que le maintien d’arbres de faible diamètre, le Phytophthora lateralis sur le Cyprès et la Chalarose sur le Frêne, engendrent désormais des mortalités considérables, menaçant la présence de ces espèces. Le changement climatique est là et s’observe déjà par une forte dynamique d’espèces comme le Chêne vert, qui se ressème désormais abondamment. Une phase de mutation rapide et importante est à venir qui nécessite un renouvellement progressif des arbres en place.
Par ailleurs, certaines plantes rares présentes sur ce site nécessitent des zones rases (broyage périodique de la végétation) et de la lumière pour prospérer.
Pour intégrer tous ces éléments et en faire la synthèse chaque forêt domaniale est dotée d’un document de gestion appelé aménagement (validé par le préfet), qui programme et arbitre les choix forestiers et écologiques sur 20 ans. Le présent aménagement court désormais jusqu’en 2039.
Afin d’accompagner au mieux les dynamiques naturelles souhaitées ou subies, le présent document a pour grands principes en forêt de Santec :
-de sécuriser les cheminements empruntés par le public (suppression d’arbres dangereux, morts…)
-de s’appuyer sur la régénération naturelle dans les zones boisées sujettes à dépérissement
-d’apporter la lumière nécessaire à l’installation des jeunes semis naturels en coupant progressivement les essences dépérissantes (Cyprès).
-de ne pas réaliser de coupes rases à l’échelle d’une parcelle (traitement en futaie irrégulière mélangeant toutes les classes d’âge et les espèces, ce qui nécessite cependant un bon éclairement du sous-bois, donc des coupes d’éclaircie).
-de maintenir des arbres morts, utiles à de nombreuses espèces animales, dans des zones où ils ne présentent pas de risques.
-de ne pas reboiser les parcelles les plus proches de la mer où les arbres dépérissent systématiquement (maintien d’une mosaïque de fourrés et de pelouses complémentaires de la forêt pour favoriser des espèces peu communes ou protégées, animales et végétales).
-le maintien de l’équilibre sylvo-cynégétique, qui passe nécessairement par la pratique de la chasse.
-le maintien d’un contrôle souple de la dune, notamment par des interventions de reprofilage financées directement par l’Etat (dans la cadre de la mission d’intérêt général Dune).
Des rumeurs persistent ces derniers temps sur le devenir du bois.Pour répondre simplement aux principales interrogations entendues ici ou là :
-Oui, des coupes seront effectuées dans les prochaines années : elles seront nécessaires et progressives et servent à accompagner les mutations de la forêt, réduisent les problèmes de sécurité vis-à-vis du public, limitent le risque d’incendie, produisent un matériau et une énergie renouvelable (le CO2 émis par un arbre abattu est capté en totalité par les jeunes arbres poussant à sa place).
-Oui, des pelles mécaniques reprofileront certaines années la dune, pour qu’elle stocke mieux le sable à la belle saison et s’érode moins en hiver, confortant le trait de côte.
-Oui, certaines zones seront broyées périodiquement pour favoriser des plantes protégées, qui ne supportent pas l’ombre.
-Non, la forêt ne sera pas rasée, ni vendue. Il n’y a aucune volonté de le faire et de nombreuses protections réglementaires sont en place assurant sa pérennité (propriété de l’Etat relevant du Régime forestier, loi littoral, classement en zone naturelle au PLU).
Une sortie d’information sur la forêt domaniale sera bientôt prévue pour ceux qui souhaiteraient approfondir le sujet, toutes les questions seront bien sûr les bienvenues.
Le technicien local de l’ONF, Fabien Acquitter